Paris, années 20. Antoinette vient d'avoir quatorze ans. Elle rêve de participer au bal qu'organisent ses parents, les Kampf, pour faire étalage de leur fortune récemment acquise. Mais sa mère, plus pressée de jouir enfin de cette opulence tant attendue que de faire entrer sa fille dans le monde, refuse de convier Antoinette au bal. La vengeance d'Antoinette, aussi terrible qu'inattendue, tombera comme un couperet, révélant le vrai visage de chacun.
Roman fulgurant et initiatique sur l'enfance et ses tourments, chef d'oeuvre de drôlerie et de cruauté, Le Bal est l'un des premiers livres d'Irène Némirovsky, morte en déportation en 1942. Irène Némirovsky a obtenu le Prix Renaudot 2004 pour son œuvre posthume, Suite française.
La famille Kampf : Rosine (Brigitte Faure), Antoinette (Lucie Barret) et Alfred (Serge Noël)
(crédit photo : Théâtre Rive Gauche)
NOTE DE MISE EN SCENE
L’évocation de l’adolescence, et du flot incessant de sentiments troubles qu’elle engendre, est magistralement évoquée dans le court roman d’Irène Némirovsky « Le Bal ». Le personnage d’Antoinette incarne avec justesse et sensibilité ce rituel de passage qu’est celui de l’adolescence à l’âge adulte, cet état où se mêlent tristesse, rêve, enthousiasme, violence et rébellion. La mère, pernicieuse et snob, obsédée par les traces que le temps dessinent sur son visage, refuse de voir grandir sa fille au point de se montrer impitoyable face à ce que François Mauriac appelle « l’éternel miracle de l’adolescence ». Le père, que des circonstances favorables ont récemment enrichi, entend faire son entrée dans le monde et compter enfin parmi les personnes d’importance, quitte à en payer le prix par d’incroyables et acrobatiques compromissions. Le bal doit concrétiser la fulgurante ascension des parents, mais « le masque de la mort rouge finit toujours par s’inviter aux bals d’Irène Némirovsky ».
Convaincue de l’impact que pourrait avoir sur scène ce petit chef d’œuvre de drôlerie et de cruauté, j’en propose aujourd’hui une adaptation. Le texte de la pièce est intégralement celui de l’auteur, j’en ai juste réorganisé l’architecture afin qu’il devienne un objet théâtral.
J’ai mis quatre ans à élaborer ce projet qui s’est enfin concrétisé. Merci, du fond du cœur, à Denise Epstein, la fille ainée d’Irène Némirovsky, aujourd’hui disparue, dont l’aide constante nous a été infiniment précieuse et sans qui ce projet n’aurait jamais vu le jour.
Virginie LEMOINE
BIOGRAPHIE COURTE D'IRENE NEMIROVSKY
Irène Némirovsky est née le 11 février 1903 à Kiev, en Ukraine, alors province de l’empire Russe. Fille d'un homme d'affaires, elle y grandit jusqu’en 1914, date à laquelle sa famille s’installe à Saint-Pétersbourg où son père est appelé à diriger une banque importante. Élevée par une gouvernante française, qui lui donne l'affection dont sa mère la prive, elle passe une partie de l'année sur la Côte basque, la Côte d'azur où les villes d'eaux françaises, pour soigner son asthme, et parle le français avant même le russe. Fuyant la révolution bolchevique de 1918, la famille Némirovsky choisit de se réfugier en Finlande, puis en France où elle s’installe à Paris en 1919. Après avoir obtenu son bac, Irène Némirovsky décroche sa licence de lettres à la Sorbonne. En 1926, elle publie son premier roman, Le Malentendu, et épouse Michel Epstein. Ils auront deux filles, Denise en 1929, Élisabeth en 1937. Son deuxième roman, David Golder, lui apporte le succès. Il est aussitôt adapté à l'écran et à la scène. Le Bal, d'abord publié sous pseudonyme en 1928, sera également adapté au cinéma en 1931, avec une adolescente nommée Danielle Darrieux. Quand la seconde guerre mondiale éclate, Irène Némirovsky et son mari, qui n'ont pu acquérir la nationalité française, trouvent refuge dans un village de Saône-et-Loire. Le 13 juillet 1942, un mois et demi après l'ordonnance allemande sur l'étoile jaune, qu'elle porte ainsi que sa fille Denise, Irène Némirovsky est arrêtée par la gendarmerie française, internée au camp de Pithiviers, puis déportée à Auschwitz. Elle n'y survivra pas plus d'un mois. Michel Epstein y sera déporté à son tour, en novembre 1942. Quant aux fillettes, placées sous la protection d'une gouvernante, elles vivront cachées jusqu'à la Libération. Parmi les effets transmis par leur père, une valise contenant, notamment, un épais manuscrit, manifestement inachevé. Denise Epstein attendra près d'un demi-siècle avant de le transcrire, découvrant à cette occasion l'ultime chef-d'œuvre de sa mère, Suite française, fresque romanesque de l'Exode et de l'Occupation. Publié en 2004, récompensé par le prix Renaudot à titre posthume, ce livre connaîtra un succès universel, permettant la redécouverte d'un destin et d'une œuvre riche de quinze romans et de nombreuses nouvelles.
(décors : Grégoire Lemoine)
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